L'Afrique face aux défis du "large bande": un taux de pénétration de 1 pc contre 25 pc dans les pays développés

Les pays d'Afrique peinent encore à se lancer dans le "large bande" (Haut débit sans fil), porteur de l'essentiel des innovations dans le domaine des TIC, avec un taux de pénétration d'à peine 1 pc contre plus de 25 pc dans les pays développés, a-t-on annoncé aux travaux du 10ème Colloque mondial des régulateurs des télécommunications qui se tient courant cette semaine à Dakar.


Si les pays d'Afrique, notamment les pays subsahariens, ont réussi à percer en matière de téléphonie mobile avec un taux de pénétration de 44 pc actuellement, contre 15 pc il y'a juste quatre ans, le "large bande", quant à lui, peine à démarrer, contribuant ainsi à l'élargissement de la fracture numérique Nord-Sud, ont relevé plusieurs experts aux assises de Dakar qui ont réuni quelque 156 régulateurs à travers le monde, dont ceux de l'Agence nationale marocaine de réglementation des télécommunications (ANRT).

Le défi actuel de l'Afrique est le développement du service "large bande" de transmission de données, a affirmé à ce sujet le secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications (UIT), Hamadoun Touré, appelant les gouvernements à inscrire le service "large bande" au coeur des programmes de développement et de faire en sorte que l'accès à Internet, et en particulier l'accès large bande, deviennent beaucoup plus abordable financièrement.

Le Large bande, porteur d'innombrables innovations des TIC et des nouvelles générations de connexion, revêt une importance de premier ordre pour le développement et la croissance puisque ses nombreuses applications constituent un facteur de compétitivité et d'efficacité pour différents secteurs clés du développement, tels l'enseignement, la santé et le commerce, a-t-il expliqué.

Pour favoriser l'émergence du large bande, il s'agit de repenser un cadre réglementaire propice à l'investissement dans ce domaine d'avenir et mettre sur pied une réglementation flexible et anticipative pour accompagner le secteur dynamique des TIC qui révolutionnent le troisième millénaire, a-t-il conseillé.

Environ 5,3 milliards d'abonnements au téléphone mobile sont disponibles à travers le monde, dont 940 millions abonnements à des services 3G (large bande), a révélé le directeur du Bureau de développement des télécommunications (BDT) de l'UIT, Sami Al-Basheer Al-Morshid.

Les abonnés au haut débit (par câble) atteindront pour leur part, à fin 2010, un total estimatif de 555 millions de personnes dans le monde, a-t-il précisé.

D'après ce responsable, l'une des premières conditions pour une meilleure dynamique de développement du secteur est désormais assurée dans la plupart des pays. En effet, l'accès aux services Internet est ouvert à la concurrence dans 93 pc des marchés, contre un taux de 67 pc en 2000.


De l'avis des chefs d'entreprises des TIC et des nombreux experts à cette rencontre, une réglementation adéquate est en mesure de mettre l'expansion du "large bande" sur sa vitesse de croisière.

Réunis en prélude aux assises des régulateurs, les opérateurs des télécommunication et services TIC ont vivement sollicité une régulation propice à l'investissement et à l'innovation.

Concernant ce volet, les opérateurs ont plaidé pour une réglementation peu contraignante, équitable et propice au développement rapide d'un secteur très dynamique. Les régulateurs devraient encourager une concurrence équitable et n'intervenir qu'en cas d'échec manifeste des mécanismes du marché, ont-ils estimé.

Une réglementation peu contraignante devrait être axée davantage sur le respect des dispositions des licences et sur les comportements anticoncurrentiels et non contrô ler strictement toutes les mesures prises par les opérateurs dans le cadre de leurs activités, ont-ils expliqué.

D'autre part, les opérateurs ont plaidé contre la taxation élevée sur les services des TIC qui nuit au développement du secteur. Une fiscalité qui considère les services TIC comme un "produit de luxe" a pour effet d'accroitre le coût des dispositifs et services pour les consommateurs et contribuer à l'élargissement de la fracture numérique. De l'avis des intervenants, un tel phénomène observé particulièrement dans les pays en développement est susceptible de dresser un obstacle majeur au développement des TIC au vu du faible revenu des consommateurs.

Sur un registre plus technique, les opérateurs des TIC ont particulièrement insisté sur la rationalisation de l'attribution du spectre hertzien pour le Large Bande via la téléphonie mobile.

Ils ont notamment recommandé une rationalisation de l'attribution des fréquences hertziennes (ressource rare) aux opérateurs dans les règles de la transparence et l'équité.

Les opérateurs ont recommandé à ce sujet une concertation entre régulateurs et opérateurs TIC afin d'assurer une gestion optimale de la fréquence hertzienne. Il est nécessaire que les opérateurs, les radiodiffuseurs, les utilisateurs publics du spectre hertzien et les régulateurs instaurent un dialogue sur les modalités d'utilisation du spectre, ont-ils plaidé à la clô ture de leurs travaux, appelant à la nécessité de créer un tableau national d'attribution des fréquences dans certains pays en développement avec l'aide de l'UIT.

Trois jours durant, les participants à cette rencontre ont débattu de questions relatives aux thèmes "L'impact de l'Internet à haut débit", "la régulation au 3è millénaire", "le dividende numérique (Large bande)", "la résolution des litiges dans le secteur des TIC" et "le rô le des TIC et des régulateurs dans le changement climatique".(MAP).

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