HP, Microsoft, Intel: la crise met les grands noms du PC au pied du mur

NEW YORK, 6 oct 2014 (AFP) - La scission annoncée par Hewlett Packard est une nouvelle illustration des efforts des grands acteurs américains du marché des PC pour tenter de s'adapter à la crise provoquée par l'essor du mobile.Dans le sillage de la sortie du premier iPad d'Apple au printemps 2010 et du boom des tablettes qui a suivi, le marché des ordinateurs personnels connaît depuis trois ans de graves turbulences.

L'année 2013 reste jusqu'ici la plus noire, avec une chute de 10% des ventes mondiales de PC, selon le cabinet de recherche IDC.

Elles avaient toutefois déjà reculé d'environ 4% en 2012, la première baisse depuis onze ans et l'explosion de la bulle internet. Et les "signes de stabilisation" évoqués par plusieurs acteurs du secteur depuis quelques trimestres ne devraient pas empêcher un nouveau déclin cette année: IDC tablait fin août sur -3,7%.

La crise se ressent tant sur les fabricants d'ordinateurs que sur ceux de produits historiquement associés au PC, qu'il s'agisse des puces d'Intel ou des logiciels de Microsoft.

Elle intervient aussi dans un contexte de renouvellement des dirigeants de ces entreprises, qu'il s'agisse de Meg Whitman arrivée fin 2011 chez HP, Brian Krzanich depuis l'an passé chez Intel ou Satya Nadella cette année chez Microsoft.

Au-delà des retombées financières, la crise a provoqué des coupes importantes dans les effectifs des poids lourds du secteur technologique américain.

HP est l'un de ceux où les coupes ont été les plus dures: environ 36.000 salariés ont déjà quitté le groupe depuis 2012 dans le cadre d'un programme de restructuration courant sur plusieurs années, et l'objectif final a été relevé lundi à 55.000 postes.

Microsoft a également annoncé en juillet le plus gros plan social de son histoire: 18.000 emplois seront touchés.

- Mobile et services -


Au niveau stratégique, le choix se partage entre un recentrage sur les services aux entreprises, en particuliers ceux dématérialisés en ligne ("cloud"), et des efforts pour rester pertinent à l'heure du mobile.

La direction des services a été prise depuis longtemps par "l'inventeur" du PC, IBM, qui avait été l'un des premiers à lâcher cette activité en la revendant dès 2005 à Lenovo.

Le groupe chinois, qui s'impose par ailleurs de plus en plus sur le marché des smartphones, est l'un des rares fabricants de PC à avoir vu progresser sa part de marché ces dernières années, ce qui lui a permis récemment de détrôner HP de la première place mondiale.

Mettre l'accent sur les services est aussi la philosophie de l'autre grand fabricant américain de PC, Dell, qui pour opérer cette transition loin des pressions du marché a quitté la Bourse de New York l'an passé.

C'est également la volonté au coeur depuis trois ans de la restructuration de HP, qui a finalement décidé lundi de rendre ses services indépendants de ses activités plus traditionnelles dans les imprimantes et PC.

Cela ne veut pas dire que tous ces groupes ont abandonné l'espoir de rattraper leur retard dans le mobile.

Intel s'efforce par exemple de produire de nouvelles puces plus petites et plus économes en énergie, mieux adaptées à de petits appareils portables comme les smartphones.

Son patron Brian Krzanich affiche parallèlement son ambition de ne pas rater le prochain train, celui des objets et accessoires vestimentaires connectés, dans lesquels beaucoup d'analystes voient le prochain moteur de croissance pour le secteur technologique.

Microsoft pour sa part tente de jouer sur les deux tableaux: "le cloud et le mobile en priorité", martèle depuis son arrivée Satya Nadella.

Cela paye dans le cloud, moins dans le mobile: Windows 8, censé "réinventer" le système d'exploitation vedette du groupe pour l'adapter aux écrans tactiles, n'a pas eu le succès escompté depuis son lancement fin 2012.

Les consommateurs et les entreprises n'ont pas non plus vraiment plébiscité jusqu'ici les appareils convertibles, mi-ordinateurs portables et mi-tablettes, avec lesquels les acteurs traditionnels espéraient se relancer. Et rien ne dit que la prochaine version de Windows, annoncée pour l'an prochain, les convaincra enfin d'acheter un nouvel ordinateur.


Par Sophie ESTIENNE

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